ARaymond fabrique depuis 1865 des solutions de fixation et d'assemblage intelligentes dans les domaines de l'automobile, la santé, l'agriculture, les énergies renouvelables et l'industrie. Forte de 7 500 collaborateurs et présente dans 25 pays, l’entreprise familiale basée à Grenoble est devenue un leader mondial sur le marché de l’automobile. Avec 26 usines dans le monde, ARaymond est fortement décentralisée et effectue 90% de son chiffre d’affaires hors de France. Son organisation particulière avec un Comité exécutif large repose sur la collégialité et la collaboration.
ARaymond a été sélectionnée pour participer à la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) qui se tiendra de septembre 2021 à juin 2022. La CEC réunira 150 dirigeants d'entreprises issus d'une grande variété de secteurs, pour les aider à mesurer le défi d'une réduction de 55% des émissions de GES d'ici 2030 et les accompagner dans la co-construction de feuilles de route pour y arriver.
Dans cette perspective, nous avons interviewé son directeur actuel Antoine Raymond, l’arrière-petit-fils du fondateur.
Quel est l'enjeu écologique principal de votre entreprise dans son secteur d'activité ?
Outre l’enjeu global de freiner l’accélération de l’accumulation de CO2 émis dans l’atmosphère, je vois deux enjeux principaux pour notre entreprise :
· Un enjeu externe lié à nos clients : 92% de notre activité est effectuée avec le secteur automobile qui est responsable de 4 à 6% des GES dans le monde. Notre enjeu est de suivre et agir avec la transformation très rapide et nécessaire du monde automobile du thermique vers l’électrique. Or environ 35% de nos activités sont directement liées au moteur thermique - nous sommes le leader mondial de la connectique du carburant. Nous devons pouvoir transformer notre offre et participer aux solutions de la nouvelle mobilité électrique / hydrogène qui va se généraliser partout dans le monde. Ce bouleversement est inédit à cause de son urgence et de nombreuses entreprises ne pourront sans doute pas suivre. Il s’agit donc d’un enjeu de pérennité.
· Le deuxième enjeu est interne : notre activité a un impact environnemental que nous nous efforçons de réduire en limitant les voyages et la consommation d’énergie, en favorisant le télétravail, en construisant des bâtiments écologiques)… Or, tout cela a un coût important.
Qu'est-ce qui vous empêche d'avancer aujourd'hui ?
· La contrainte de temps nous oblige à accélérer. Et nous avons besoin d'un peu de temps pour nous ajuster, car nous avons à cœur de préserver l'engagement de nos collaborateurs. Nous pourrions parfois avancer plus vite, mais au risque de dérouter et de briser la confiance des êtres humains vis-à-vis de l’entreprise.
· Nous devons également faire des investissements très importants pour transformer et adapter notre offre selon des nouvelles technologies et applications, et apporter des solutions innovantes et performantes à nos clients pour répondre à leurs besoins. Nous investissons dans le développement des véhicules électriques, et aussi dans celui de nouveaux marchés très porteurs comme le photovoltaïque et des produits performants dans le domaine de la santé et de l’agriculture. Cela signifie un accroissement significatif de notre endettement.
· Enfin, les disparités mondiales en termes d’avancement dans la transformation de la mobilité vers l’électrique nous contraignent à maintenir en parallèle deux activités : notre activité historique pour la mobilité thermique dans les zones moins avancées et le développement de nouvelles solutions pour la mobilité électrique.
Qu'est-ce qui pourrait débloquer la situation pour votre entreprise et pour votre industrie ?
Idéalement, il faudrait que les plus grands pays s’entendent pour aller ensemble dans la même direction, pour avoir un axe de développement clair et cohérent notamment en R&D. Aujourd’hui, l’Europe s’harmonise, mais de nombreux pays ont leurs propres normes et façons de voir les choses…
Nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics, au moins au niveau de l’Europe, pour soutenir la recherche, l’innovation et les investissements pour transformer les offres des entreprises de notre secteur. La transformation technologique nécessaire exige une véritable cohérence et une coopération internationale, avec entre autres une législation du travail plus souple pour d’adapter à ce « big bang » brutal, et nous aider à aller dans la bonne direction.
Qu'attendez-vous de votre participation à la CEC ?
J’espère trouver des solutions pragmatiques plus radicales pour l’énergie car il y a urgence.
Je souhaite que nous arrivions à nous mobiliser de façon constructive pour que les entreprises françaises trouvent des pistes d’action pour inspirer les autres entreprises européennes puis mondiales.
Le travail de la CEC peut aider les hommes politiques à prendre des décisions allant dans le bon sens en se sentant soutenus par les entreprises.
Vous êtes, vous aussi, une entreprise qui veut apporter des solutions durables pour lutter contre le dérèglement climatique ? Vous avez besoin de plus de visibilité et d’une communication plus large avec une démarche professionnelle, contactez-moi et nous verrons comment travailler ensemble.